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De l'émotion, pas d'illusions.
Paul Newman
La classe américaine !
L'acteur américain Paul Newman s'est éteint ce 26 septembre 2008 à l'âge de 83 ans. Revisitons la riche carrière de ce géant d'Hollywood
photo avec sa femme joanne
(Joanne Woodward et Paul Newman, dans La Fille à la casquette - 1963) - Paul Newman et Joanne Woodward resteront mariés jusqu'à la mort de l'acteur. Quand on lui demandait le secret de la longévité de son couple, Paul Newman répondait : "J'ai un très bon steak à la maison. Pourquoi j'irais dehors chercher un hamburger ?"
L'acteur et réalisateur Paul Newman n'est plus, emporté par la maladie le vendredi 26 septembre dans sa maison de Westport, Connecticut. Incarnation d'une Amérique éveillée, avide de modernité, artiste et homme d'affaires, humaniste et philanthrope, Newman avait véritablement tout de l'homme nouveau.
"Ci-gît Paul Newman. Sa carrière d'acteur prit fin lorsque ses yeux bleus devinrent bruns." Cette épitaphe, on dit que l'homme en a lui-même choisi les mots. En mai 2007, l'artiste avait déjà eu cette ultime élégance d'annoncer la fin de sa carrière d'acteur. "Je ne suis plus capable de travailler comme acteur au niveau que je voudrais. On commence par perdre la mémoire, puis on perd confiance en soi et on perd l'imagination. Je pense que pour moi, le livre s'est plus ou moins refermé."
"Les plus beaux yeux d'Hollywood"
Héritier de l'Actors Studio de New York qu'il fréquente assidûment au début des années 1950, Paul Newman y façonne ses talents aux côtés de Marlon Brando et James Dean. Des trois, il est sans doute le plus sage. Le moins cabot. Aux côtés de ces deux icônes hollywoodiennes symboles du glamour sauvage, presque érotique, et de la fureur frondeuse, Newman apparaît plus mesuré, la force tranquille et l'humilité élégante. Lee Strasberg, éminent professeur de l'Actors Studio, dira de Paul Newman avec ironie : "Il aurait pu être un aussi grand acteur que Marlon Brando s'il n'avait pas été aussi beau." Marque d'affection et d'admiration du maître à l'élève qui regrettait sans doute que "les plus beaux yeux d'Hollywood" n'aient jamais eu le "beau" rôle.
Un héros très discret
Paul Newman aurait pu, aurait dû devenir le nouveau Brando. Mais refusant de se laisser enfermer dans son physique de sexe-symbole, il s'est toujours efforcé d'arpenter des tracés moins étoilés que les trottoirs du Sunset Boulevard. Se gardant de jouer les jolis coeurs auprès des jeunes filles en émoi, il favorisait plutôt les personnages aux profils complexes et torturés : boxeur dans 'Marqué par la haine' (1956), son premier succès public et critique ; mari alcoolique et névrosé dans 'La Chatte sur un toit brûlant' aux côtés d'Elizabeth Taylor (1958) ; un Billy the Kid tourmenté dans 'Le Gaucher' d'Arthur Penn (1958) ; loser magnifique dans 'L'Arnaque' (1973) aux côtés de Robert Redford avec qui il partageait déjà l'affiche de 'Butch Cassidy et le Kid' (1969). Autant de personnages brisés aux parcours chaotiques à travers lesquels Paul Newman laissait apparaître ses fêlures et ses doutes. Le cinéma lui donnait cette possibilité d'aller là où sa vie personnelle ne semblait pouvoir le mener.
La méthode Strasberg
"Mon but est de rendre l'acteur capable de créer tout ce qui doit être créé", expliquait Lee Strasberg. Sa méthode : puiser dans ses propres affects pour créer l'émotion. Faire exister le rôle à travers sa mémoire affective. En bref, amener le personnage à soi et non l'inverse. En apprenant à s'écarter du scénario pour favoriser l'improvisation, l'acteur a pu laisser libre cours à un jeu à la fois nerveux et contenu, mais toujours plein de vérité et de sensibilité. Fort de cet enseignement et marchant dans les pas de Marlon Brando, Paul Newman continuait à sa manière – plus douce - de faire voler en éclat les codes du jeu hollywoodien classique. Participant ainsi largement à renouveler un cinéma américain encore trop souvent figé dans sa mythologie alors que le pays connaissait l'une de ses décennies les plus obscures.
Homme du monde
Sorti des murs, le cinéma d'Hollywood ne pouvait plus feindre de ne pas savoir. Inégalités sociales, ségrégation, course à l'armement, guerre du Vietnam, scandales politiques au sommet de l'Etat… Les vérités du monde réel, loin du glamour des studios, s'imposaient aux réalisateurs et aux comédiens. Mais, impliqué dans son époque et ses problématiques, Paul Newman s'est occupé de politique avant que cela ne devienne chic à Hollywood. En pleine guerre froide, il milite pour le désarmement nucléaire. Pendant les années 1960, il s'engage dans la lutte des droits civiques ou encore, contre l'engagement des Etats-Unis au Vietnam. En 1968, il fait partie de la délégation du Connecticut lors de la turbulente convention du Parti démocrate à Chicago. Au début des années 1970, il s'enorgueillit de se trouver sur la fameuse liste des ennemis du président Richard Nixon.
Récompensé mais fatigué
Ce n'est qu'en 1986 que Paul Newman se voit remettre l'oscar du Meilleur acteur dans un premier rôle… Un an, ironiquement, après avoir été récompensé d'une statuette pour l'ensemble de sa carrière. Une récompense tardive qu'il reçoit après huit nominations infructueuses. Sarcastique en toute circonstance, il avait eu alors ces mots pleins de malice : "C'est comme avoir fait la cour à une belle femme pendant 80 ans. Elle finit par céder et l'on dit : 'Je suis vraiment désolé, mais je suis fatigué.'" Cherchant en permanence à échapper aux moules imposés, lucide et impliqué, Paul Newman était à l'image du monde qu'il a traversé, animé d'une profonde envie d'indépendance et de liberté.
Un modèle d'homme.